Dernières actualités avec #Marine Le Pen


Le Parisien
a day ago
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Droits de douane : le RN préfère cibler von der Leyen plutôt que Trump
« Un fiasco politique, économique et moral. » Dimanche, soir, l'accord de principe sur les droits de douane entre l'Union européenne et les États-Unis est officialisé depuis à peine une heure que Marine Le Pen dégaine un message sur le réseau social X pour dire tout le mal qu'elle en pense. Pour la patronne des députés RN, le deal commercial entre Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen signe une perte de souveraineté au profit de l'Allemagne dont « les premières victimes » seraient les Français. Mais des deux signataires, c'est bien la représentante européenne qui est ciblée. « La Commission a accepté des clauses asymétriques que jamais la France elle-même, gouvernée par un exécutif patriote, n'aurait accepté », étrille Marine Le Pen, qui y voit « une capitulation en rase campagne pour l'industrie française, et pour notre souveraineté énergétique et militaire ». Un message répété par le président du Jordan Bardella ce lundi. « Ursula von der Leyen a accepté hier la reddition commerciale de l'Europe », écrit-il, disant espérer « un sursaut de fierté nationale ». Certes, la quasi-totalité des politiques français a jugé l'accord déséquilibré , jusqu'au Premier ministre qui a évoqué « un jour sombre » pour l'Europe. Mais plusieurs de ses adversaires n'ont pas manqué de rappeler que Marine Le Pen s'était félicitée de la victoire de Trump et avait salué son « patriotisme » économique. « Souvent RN varie, l'a ainsi interpellée le député EPR Jean-René Cazeneuve. La raison du plus fort est de retour, c'est ce que vous vouliez, et votre ami Trump nous l'a mis à l'envers ». Même tonalité chez l'eurodéputée (Place publique) Aurore Lalucq. « C'est l'hôpital qui se fout de la charité. Oui, cet accord n'est pas bon mais cette situation est due à votre allié, Trump », tacle l'élue. « Non, Trump n'est pas notre allié, se récrie auprès du Parisien – Aujourd'hui en France le député RN Jean-Philippe Tanguy. On a toujours exprimé notre inquiétude sur le commerce et le fait que Trump voulant défendre les intérêts américains, on allait se faire avoir. Mais le maudire, ça ne sert à rien, c'est une forme d'impuissance. » Ce lundi après-midi, dans un « message personnel à la macronie » adressée sur X, Marine Le Pen a résumé plus trivialement la position de son mouvement : « l'âne n'est pas celui qui propose un deal incroyablement déséquilibré à son propre profit mais celui qui l'accepte à son total détriment ! » Préférant de nouveau accabler l'Europe que dénoncer Trump.


Le Figaro
2 days ago
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Droits de douane : en France, les oppositions dénoncent l'accord entre l'UE et les États-Unis
Les oppositions de gauche comme de droite ont jugé de concert que l'accord annoncé ce soir par Donald Trump et Ursula von der Leyen nuisait à la souveraineté française. Sur tous les bords de l'échiquier politique, les oppositions ont dénoncé dimanche l'accord douanier entre les États-Unis et l'Union européenne, annoncé un peu plus tôt par Donald Trump et Ursula von der Leyen, estimant qu'il nuisait à la souveraineté française. Pour Marine Le Pen, cet accord est «un fiasco politique, économique et moral». «La Commission (européenne, NDLR) a accepté des clauses asymétriques que jamais la France elle-même, gouvernée par un exécutif patriote, n'aurait acceptées. Des centaines de milliards d'euros de gaz, ainsi que des armements, devront être importés chaque année depuis les États-Unis», a dénoncé la patronne du Rassemblement national, en parlant de «capitulation en rase campagne pour l'industrie française, et pour notre souveraineté énergétique et militaire». Même constat à gauche, où le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a estimé que «tout a été cédé à Trump». «Droits de douane, obligation d'achat, taxe de 5% sur le PIB : le libéralisme, la concurrence libre et non faussée et autres règles du Traité de Lisbonne sont une mauvaise blague», a-t-il dénoncé, en dressant «le choix de l'insoumission à l'Empire et le non-alignement» comme la «seule alternative possible». Publicité «Vassalisation» Pour le secrétaire général du Parti socialiste et eurodéputé Pierre Jouvet, cet accord est celui de la «vassalisation». «Se satisfaire d'avoir écopé de 'seulement' 15% de droits de douane? Mais ce sont nos emplois, nos productions et l'environnement qu' Ursula von der Leyen a sacrifié en promettant 600 milliards de dollars d'investissements aux États-Unis et l'achat de gaz naturel liquéfié», a-t-il dénoncé. Selon les premiers éléments de cet accord commercial tant attendus entre Bruxelles et Washington, les États-Unis vont imposer des droits de douane de 15% sur les produits européens importés et l'UE s'est engagée à 750 milliards de dollars d'achats d'énergie et à 600 milliards d'investissements supplémentaires aux États-Unis. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui a parlé d'un «bon accord», a précisé que les deux puissances économiques ont décidé de lever tous leurs droits de douane sur certains de leurs produits, dont l'aéronautique.


Le Figaro
3 days ago
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La France œuvrera «sans relâche» pour convaincre d'autres pays de reconnaître la Palestine, assure Jean-Noël Barrot
Pour le ministre des Affaires étrangères, la décision d'Emmanuel Macron de reconnaître l'État de Palestine incitera les pays arabes à condamner «pour la première fois» le Hamas et à demander son désarmement. «La perspective de l'existence d'un État de Palestine n'a jamais été aussi menacée ni aussi nécessaire.» Ce dimanche 27 juillet, Jean-Noël Barrot défend dans les pages de la Tribune Dimanche la reconnaissance à venir de l'État palestinien par la France. Trois jours après l'annonce du président d'une reconnaissance formelle par la France d'un État de Palestine lors de l'Assemblée générale des Nations unies, le ministre des Affaires étrangères justifie la décision d'Emmanuel Macron, très mal reçue en Israël, accueillie de manière contrastée par ses alliés européens, en invoquant une situation inédite depuis les accords d'Oslo. Ceux-là, conclus en 1993 par le chef de l'organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat et le premier ministre israélien Yitzhak Rabin, devaient préparer à une autonomie palestinienne. Soumis à plusieurs conditions dont le rejet du terrorisme par l'OLP, ils n'ont pas abouti. Au regard de ces exigences initiales, la reconnaissance de l'État palestinien alors que des otages du 7 Octobre sont toujours détenus par le Hamas peut passer pour une contradiction. Publicité «Cette décision légitime les massacreurs du 7 Octobre et leur cortège de souffrances» a ainsi estimé Marine Le Pen. Pas du tout, estime Jean-Noël Barrot pour qui ces deux sujets peuvent se mener de front. «Le Hamas doit être désarmé et exclu durablement de toute gouvernance de Gaza et de la Palestine. L'Autorité palestinienne doit être profondément réformée. Les pays arabes doivent normaliser leur relation avec l'État d'Israël et construire avec lui une architecture commune de sécurité», détaille-t-il à nos confrères de La Tribune . À Netanyahou qui lui reproche «d'encourager la terreur», Barrot répond : «Je renvoie le premier ministre israélien à son discours de Bar-Ilan de 2009 dans lequel il définissait les conditions d'une solution à deux États. Ces conditions ne sont ni plus ni moins que celles que nous avons mises sur la table.» Comment s'étonner de la faiblesse de l'Autorité palestinienne quand on la prive de 2 milliards d'euros ? Jean-Noël Barrot Pour mettre fin au conflit à Gaza, Barrot considère que le levier le plus puissant est entre les mains de l'Union européenne. Qui doit, poursuit-il, «exiger la levée du blocus financier et le paiement des sommes dues à l'Autorité palestinienne par Israël». Soit deux milliards d'euros. Les accords d'Oslo prévoyaient en effet la collecte par l'État hébreu des taxes sur les importations et exportations palestiniennes transitant par ses ports et frontières. Lesdites taxes devaient ensuite être reversées à l'Autorité Palestinienne pour financer son budget, le traitement des fonctionnaires par exemple. Ces transferts de fonds ont régulièrement été gelés par Tel Aviv, pour des motifs politiques ou par crainte qu'ils ne financent le Hamas. «Comment s'étonner de la faiblesse de cette Autorité quand on la prive de 2 milliards d'euros ?» demande Jean-Noël Barrot. Un État qui sera désarmé D'ici au 21 septembre, date de l'annonce officielle à l'Assemblée générale de l'ONU, la France œuvrera «sans relâche pour réunir d'autres pays susceptibles de reconnaître la Palestine, et de nouveaux engagements des pays arabes vis-à-vis de la sécurité d'Israël» assure le ministre. À l'en croire, le fait que notre pays soit le premier du G7 à franchir ce pas entraînera les autres et convaincra les pays arabes à condamner «pour la première fois» le Hamas et à demander son désarmement. Le ministre affirme que ces annonces pourraient avoir lieu dès cette semaine lors de la conférence qui se tient lundi et mardi à New York sous l'égide des Nations unies. Pour que l'État de Palestine soit viable et ne reste pas une promesse symbolique, le ministre des Affaires étrangères attend un certain nombre d'engagements de la part de l'Autorité palestinienne. En premier lieu desquels le respect de la sécurité d'Israël. Comme preuve de sa bonne volonté, Jean-Noël Barrot cite cette lettre envoyée par Mahmoud Abbas en juin au président Macron. Le chef de l'autorité palestinienne a «pour la première fois qualifié le 7 octobre 2023 d'attentat 'terroriste'» et accepté «que cet État de Palestine soit démilitarisé» afin de ne présenter «aucune menace pour la sécurité d'Israël», se félicite le ministre des Affaires étrangères.


Le Figaro
5 days ago
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«Avant 2027 : deux ans de guerre sondagière ?»
TRIBUNE - Alors que l'élection présidentielle approche à grands pas, il est temps que les débats commencent, au risque de laisser à nouveau le premier rôle aux sondages, estime le spécialiste en communication Matthieu Chaigne. Matthieu Chaigne est spécialiste en communication et auteur de « La fabrique des solitaires » (éditions de l'Aube). À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Club Le Figaro Idées avec Eugénie Bastié Le dépôt des candidatures au Conseil constitutionnel est dans 20 mois. Et la photo de départ n'a jamais semblé aussi floue. La condamnation de Marine Le Pen, l'irruption de Bruno Retailleau, et le rejet désormais viscéral que suscite Jean-Luc Mélenchon jusque dans son propre camp rendent le paysage présidentiel totalement ouvert. Cette élection à multiples inconnues va-t-elle encore donner aux sondages le premier rôle de ce nouveau théâtre présidentiel ? Publicité Le premier acte a commencé dès le soir de l'élection de Bruno Retailleau à la présidence des Républicains. Un candidat LR présidentiable ? L'idée était inimaginable, il y a quelques mois encore. Les dernières enquêtes de mai créditent désormais le ministre de l'Intérieur de 16 % d'intentions de vote environ. Édouard Philippe est à 21%. Pour ce dernier, l'érosion est indéniable, selon les chiffres du même institut (Ifop) qui avait précédemment testé Édouard Philippe 8 fois entre mars 2023 et mars 2025. Sur l'ensemble de la période, l'ancien premier ministre était alors crédité d'un score de 24,8%. Désormais, et même s'il demeure encore la meilleure chance du bloc central afin d'accéder au second tour, Édouard Philippe n'est plus à l'abri de la guerre des droites. Face à lui, Bruno Retailleau a néanmoins un gros défi : perforer un électorat RN aujourd'hui monolithique. Car la progression actuelle du ministre de l'intérieur est d'abord le fruit d'un grignotage composite – dont 3 points environ au sein de l'électorat RN - plutôt que de vases communicants à même de siphonner l'extrême droite. Aujourd'hui, l'électorat frontiste apprécie Bruno Retailleau pour sa constance. Mais sa cote de popularité - environ de 50% d'image positive - peine à se traduire en vote. Cette guerre interne du bloc central a en revanche un effet collatéral massif : celui de rebattre les cartes à gauche. L'irruption d'un potentiel candidat LR est une double opportunité pour le camp d'en face. D'abord, parce qu'elle fait mécaniquement baisser le seuil de qualification au second tour. Ensuite, parce qu'elle renforce l'argument stratégique des tenants d'une candidature unique : s'unir ou accepter une possible finale entre deux candidats repoussoirs. En 2017, le vote utile avait tué Benoît Hamon dès février au profit de Jean-Luc Mélenchon. En 2022, le même Mélenchon entame une remontada qu'il rêve de reproduire. Parti de 10% en janvier, il progresse durant le printemps, avant d'échouer à moins de 2 points du second tour. Aujourd'hui, le bloc de gauche est historiquement faible, avec un score total de 30% seulement contre 40% en 2012. Mais sa capacité à s'unir par la base ou par le haut est tout aussi remarquable. 79% des sympathisants de gauche veulent d'ailleurs une union à gauche (Harris Interactive, avril 2025). À lire aussi Entre Raphaël Glucksmann et Jean-Luc Mélenchon, le match qui vient à gauche Ajoutez à cela la montée en puissance du facteur social, et vous faites de 2027 une élection gagnable pour la gauche. Seule inconnue : le casting. Dépourvu de machine de guerre électorale, Raphaël Glucksmann se dispute avec François Ruffin le rôle de candidat surprise. Les deux disposent des mêmes atouts clés : la notoriété et le renouveau. Tous deux ont aussi sûrement vu passer ce sondage publié par l'Ifop il y a quelques mois : à date, et même si un candidat LFI se maintenait, une candidature de gauche unie permettait d'accéder au second tour. Suffisant pour balayer l'idée d'une primaire ? C'est maintenant qu'il faut engager nos compatriotes, et en particulier la France du milieu. La France du milieu, c'est celle qui tient le pays. Matthieu Chaigne La primaire (et plus encore si elle est ouverte) constitue un mot tabou dans toutes les formations. Certains, y voient même l'échec de la droite et de Fillon en 2017… En réalité, cette primaire serait-elle plus infamante que le fait sondagier ? Serait-elle moins efficace que la guerre des droites qui s'annonce, et avec elle le risque d'un second tour entre les extrêmes ? Serait-elle enfin moins juste que le principe de sélection actuel qui se dessine ? Publicité Au RN, ce sont les juges qui trancheront l'avenir du leadership. Chez LFI, la purge a fermé le ban de la discussion. Au parti Socialiste, chez Renaissance ou chez les LR, malgré une hausse du nombre d'adhérents, ils seront une poignée de milliers de militants à décider de leur candidat. L'observation sociologique des meetings suggère par ailleurs, et sans jugement de valeur, que les têtes grisonnantes feront le choix des thèmes comme du casting. On a connu plus grande espérance de révolution. Or, c'est maintenant qu'il faut engager nos compatriotes, et en particulier la France du milieu. La France du milieu, c'est celle qui tient le pays. C'est la France qui bosse toujours plus (avec un taux d'emploi qui a progressé de 5 points en 20 ans) et ne supporte plus ceux qui se dérobent. C'est la France qui porte la génération du dessus tout en élevant celle d'après. Cette France du milieu du pays comme du milieu de vie doit constituer l'ossature des programmes, la raison première des audaces que ni l'endogamie des partis, ni leur quête du pouvoir n'oseront jamais porter. Le pays est prêt. Le statu quo n'est plus une option. Il attend le vrai débat. Des idées de rupture qui doivent prendre le temps de maturer, d'être décriées, affinées, puis de s'imposer enfin dans un cadre clair. Ces idées, ancrées dans le quotidien des Français, ouvriront à des sujets dont on parle tant dans les foyers et si peu sur les estrades : les contraintes des familles monoparentales, l'école à deux vitesses, la course aux cours particuliers qui saignent les classes moyennes et excluent les classes populaires, le piège de l'achat immobilier quand le voisinage se dégrade, l'état de santé des parents qui décline, la peur de ces femmes qui appréhendent de sortir la nuit tombée… Changer le pays dans deux ans, cela se joue maintenant. Quel que soit le mode de sélection, la dernière présidentielle l'a démontré : une élection sans débat affaiblit le mandat du vainqueur et accroît l'aigreur de ceux contraints de changer contre leur gré. On ne transforme pas le pays contre ceux qui le font tourner. Construire une majorité : la France a 20 mois pour le faire. Après l'élection, il sera déjà trop tard.


Le HuffPost France
19-07-2025
- Politics
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Avec l'accord de Bougival, la crainte d'une « perte » de la Nouvelle-Calédonie est-elle fondée ?
OUTREMER - « Un État au sein de l'État français » et voilà une partie de la classe politique dans tous les sens. La signature de l'accord de Bougival entre les représentants calédoniens et l'État français a été accueillie avec un certain soulagement, plus d'un an après les émeutes meurtrières du printemps 2024 et les mois de blocage qui ont suivi ensuite. Sauf pour une frange de la classe politique : l'extrême droite. Dans un communiqué, Marine Le Pen a qualifié l'accord de « profondément ambigu ». Et parmi les réticences exprimées, l'une touche à un sujet cher à l'extrême droite : la perte d'une partie de la souveraineté et de la puissance française, qui se verrait amputée d'un de ses territoires. « La création d'un 'État calédonien' et d'une 'nationalité calédonienne' au sein de la République française constitue un exercice d'équilibrisme juridique et politique difficilement compréhensible et donc périlleux », écrit la présidente des députés RN qui évoque aussi un « risque de contagion » dans les autres Drom-Com. L'accord de Bougival est-il défavorable à la France et lui a-t-il fait « perdre » un territoire stratégique dans le Pacifique ? Alors que le projet d'accord doit encore être entériné en Nouvelle-Calédonie après consultation de chaque parti et mouvement signataires, sa traduction concrète fait débat et pas qu'au sein de l'extrême droite. Souveraineté et « compétence de la compétence » Le projet prévoit plusieurs grands changements : la création d'un État calédonien, inscrit dans la Constitution, avec son hymne, sa monnaie, son drapeau et sa devise ; la création d'une nationalité calédonienne mais indissociable de la nationalité française ; un transfert de compétences entre la France et le gouvernement calédonien ; et enfin, la possibilité pour l'État de Nouvelle-Calédonie d'être reconnu comme tel à l'international. Insupportable pour le Rassemblement national. « Créer un État calédonien, avec une citoyenneté calédonienne, c'est en réalité larguer la France », dénonçait sur BFMTV le vice-président du RN Sébastien Chenu. Sauf que ce n'est pas si clair. Interrogée par La 1re, Léa Havard, professeure de droit public et chercheuse à l'Université de Nouvelle-Calédonie rappelle que la souveraineté d'un État « renvoie à l'exercice d'un certain nombre de compétences », en général régaliennes (sécurité intérieure et extérieure, la justice et les finances publiques). Un État est considéré comme souverain « quand il obtient ce que les juristes appellent 'la compétence de la compétence', quand il peut choisir d'exercer ses compétences comme il le souhaite », précise-t-elle. Dit autrement : quand c'est lui qui définit son propre cadre. Un flou très arrangeant (pour l'instant) Là-dessus, l'accord de Bougival laisse la porte ouverte aux interprétations. La notion de « compétence de la compétence » n'y apparaît pas, note la spécialiste. Mais le texte prévoit des évolutions qui vont partiellement dans ce sens. Sur le plan international tout d'abord, compétence transférée à la Nouvelle-Calédonie « dans le respect des engagements internationaux et des intérêts fondamentaux de la France » et sauf lorsqu'il s'agit de défense et de sécurité - ce qui laisse surtout un volet diplomatique. Ensuite, la répartition des autres compétences, inchangée à ce jour, pourra être modifiée à la demande du Congrès calédonien. L'État calédonien pourra faire « le choix souverain » de confier certaines compétences à l'État français, mais avec la possibilité de les récupérer, explique à l'AFP le constitutionnaliste Benjamin Morel, qui évoque un statut unique d' « indépendance-association ». Ces évolutions sont-elles suffisantes pour renforcer l'État calédonien au point de parler de perte de souveraineté française ? Impossible à trancher en l'état, tant que le projet d'accord n'est pas précisé via la loi organique. « En droit, on peut utiliser le mot 'État' pour décrire un État qui n'est pas souverain.(...) Pour autant, cela peut aussi vouloir dire que ça peut être un vrai 'État' au niveau international, avec un gouvernement souverain. À ce stade, il est encore difficile de trancher », estime Léa Havard. Dans une tribune au Monde, l'historien Louis-José Barbançon estime pour sa part qu'il existe au moins une certitude, actée dans le préambule de l'accord : « nous sommes sur une trajectoire qui conduit à la souveraineté. (...) Aucune marche arrière n'est possible. » Mais pour l'instant, le texte de Bougival, « transcrit en langage calédonien, proposerait, pourrait-on dire, un 'faux État' dans une 'fausse association' et une 'fausse souveraineté' ». Un flou suffisant pour ne contenter pleinement aucun des camps calédoniens sans les mécontenter pour autant.